La
patrie serait au menu de l’agenda médiatique. L’institut Montaigne
publie peu à peu les contributions de différents intervenants au thème
de son prochain débat/ouvrage : « Qu’est-ce qu’être Français ? » On me
répondra : « Et alors ? » Et alors le sujet revient curieusement sur le
devant de la scène, sans prévenir l’opinion. Eric Besson vient
d'annoncer qu'il compte lancer un grand débat national de deux mois et
demi sur l'identité française.
"Les thèmes abordés seront "quelles sont les valeurs qui nous relient, quelle est la nature du lien qui fait que nous sommes français et que nous devons être fiers". "Il faut réaffirmer les valeurs de l'identité nationale et la fierté d'être français", a insisté Eric Besson, estimant que les jeunes Français devaient avoir "une fois dans l'année l'occasion de chanter la Marseillaise."
Vous comprenez qu'il faut bien trouver une autre
crise/polémique/ débat qui fasse vibrer le peuple sur des notes de scandales
et de larmoiements interminables (ou minables tout court, d’ailleurs).
Après l’affaire Mitterrand, après l’affaire EPAD du prince Jean
Sarkozy, après le discrédit de Nicolas, il faut à nos élites une occasion de
prises de position courageuses et déterminées, qui la rapproche un peu plus
du peuple.
Parce que, comme sorti d’un chapeau, Jean-François
Copé nous parle soudainement de l’identité française. Quelle valeur
peut avoir de tels mots dans la bouche d’un technocrate européiste
sarkozifiant ? Je ne sais pas, mais il affirme :
« Mais le premier défi,
celui qui sera le plus structurant, c'est la question de l'identité
française. La nation se fissure en silence parce qu'il n'y a pas de discours
sur l'identité. Ce thème, tel qu'il avait été traité en 2007, doit être
profondément renouvelé et retravaillé.
Parce que le FN
pourrait se le réapproprier ?
Il s'en est nourri, car, depuis
vingt ou trente ans, nous avons commis collectivement l'erreur de ne pas
expliquer ce que cela veut dire être français aujourd'hui. On a eu peur. On a
nié l'évolution sociologique de notre population, sur le plan de sa
composition, de ses origines, de ses pratiques religieuses, de ses modes de
vie. Pendant ce temps, la société française a continué à bouger et à se
développer sans repères.
La population issue de
l'immigration de la seconde moitié du XXe siècle, qui en est maintenant à sa
troisième génération, n'a toujours pas reçu les codes d'accès. Cela a conduit
à un malentendu croissant au sein d'une population composée de gens qui sont
tous français mais qui, parce qu'ils n'ont pas eu les repères nécessaires, ne
se parlent pas, ne s'écoutent pas, ne se respectent pas. L'insuffisance du
dialogue interreligieux en est un exemple.
Il existe depuis
2007 un ministère de l'intégration et de l'identité nationale. Il a échoué ?
C'est l'échec de trente années
de politiques en ce domaine.
Comment réussir
l'intégration ?
Il faut que l'on positive le
fait d'être une population aussi diverse que l'est devenue la nôtre, qu'on le
vive comme une chance. Que l'on arrête de vouloir faire croire à nos enfants
que nos ancêtres étaient tous des Gaulois. Ce qui compte, c'est que chaque
Français, quelles que soient sa date d'arrivée en France, son origine ou sa
religion, a de la valeur et apporte ce qu'il a de mieux pour notre pays. Un
exemple : au lycée, on peut choisir en option de très nombreuses langues,
mais il est quasi impossible d'apprendre l'arabe, alors que cela pourrait
être un fantastique atout économique. Résultat, ce sont des intégristes dans
des caves qui s'en chargent. »
« La nation se fissure en silence… » Que
c’est bien dit ! Mais il est dommage que la conclusion soit
pitoyable. Le Français serait donc quelqu’un de « divers ».
Il ne descend de personne en particulier, pour ne pas faire de
discrimination, il est tout ceux qui ont de la bonne volonté. Mais comment
juge-t-on la bonne volonté ? Au nombre de racailles que l’on
continue de mettre en prison ? Au nombre de violences perpétrées en « terres
d’immigration » ? A la simple affirmation "je suis Français", qui ne veut plus rien dire pour beaucoup de monde ? Copé rêve et s'illusionne. Il le sait. Comme si les immigrés étaient attirés par autre chose que les subventions. Un pays où l'on touche de l'argent en ne faisant rien, c'est du pain béni pour le reste du monde ! Autrefois, était Français celui qui payait des impôts à l'Etat ; maintenant, est Français celui qui en touche les subventions.
Par ailleurs, Tidjane Thiam vient de s’exprimer.
Pour lui, la France,
c’est 1794, la France Black-Blanc-Beur de 1998, polytechnique, le « plafond
de verre » (invention des immigrés pour faire croire qu’il existe
une discrimination invisible, celle des patrons qui préfèrent choisir un blanc
plutôt qu’un noir, en les empêchant ainsi d’évoluer ; mais
qui peut le vérifier ? Cet argument ne vaut rien, puisqu’il repose
sur l’invisible, l’indicible, le non-vérifiable). « Ma
France à moi est une idée et les idées ne meurent jamais. » Pour moi, c’est
une réalité, un corps de chaire, de sang et de pierres ; un corps traversé de
représentations historiques, traditionnelles et religieuses. Un corps qui
meurt si personne n’en prend soin…
Toujours le hasard, le grand maître du Grand Orient de
France annonce :
«Nous travaillons à inspirer la République en portant le produit de nos réflexions directement aux élus et nous agissons à travers l'action des frères. Je parlerai de la République devant nos frères messins. Les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité devront les éclairer. J’en profiterai pour rappeler nos chantiers
de cette année à propos de l’immigration et de la citoyenneté et nous
organiserons un colloque sur l’armée et la nation. »
Si les
franc-maçon s’y mettent aussi…
Les élites
sont discréditées ; la crise pousse au protectionnisme ; les
parties sont divisés. Il faut trouver le moyen de resserrer les rangs et d’augmenter
la popularité du président.
Vous en
doutez ? Devinez qui va clôturer le débat de l’Institut Montaigne !
Je vous le donne dans le mille : Nicolas Sarkozy. Ce sera l’occasion
pour lui de se refaire une virginité populaire.
Concernant le débat
en lui-même, il est réglé d’avance. La liste des
intervenants ne comporte qu’un petit nombre de patronymes français –
et quels patronymes ! - Luc Ferry…Notons également la présence de
Michel Maffesoli, qui s’est distingué en attaquant l’Eglise, il n’y
a pas si longtemps. Avec cela, certains, des Africains, se plaignent de ne
pas être consultés sur la question. Hallucinant…Est-ce que je vais revendiquer
d’intervenir dans un débat sur l’ivoirité ? Est-ce que je
vais me sentir concerné par un débat sur l’identité malienne ?
Le débat est
biaisé. Il conclura que la France repose sur les droits de l’homme,
et que tous ceux qui s’y reconnaissent peuvent devenir Français (le
monde entier, pour faire simple). Avec de la chance, le président fera un ou
deux effets d’annonce pour récupérer les votes d’extrême droite
avant de lancer la campagne des régionales 2010. Il va nous refaire le coup
du ministère de l’immigration : une annonce pour satisfaire la
droite ; une réalité pour satisfaire la gauche. Et un président qui
écrase droite et gauche.
Il est temps
de rappeler que l’identité de la France n’a rien à voir avec l’immigration,
l’échange ou l’internationalisation. La France est fille de la
civilisation gallo-romaine, c’est-à-dire une civilisation chrétienne,
soudée par l’alliance du trône et de l’autel, à travers la
personne de Clovis. Est-ce, comme le pense Ernest Renan, une adhésion à un
destin et à des valeurs ?
Est-ce la volonté de
construire la France ? Pas seulement. La France est ma patrie. La patrie
est comme une grande famille. Et personne ne peut attaquer ma famille sans
susciter chez moi une vive réaction. Oui, je me sens insulté quand on brûle
ou qu’on insulte le drapeau français. Oui, je me sens insulté quand les
gouvernements demandent sans cesse pardon au nom de la France. Oui, je suis
offensé quand on me reproche des actes commis par mes aïeux, il y a plus de 6
ou 7 siècles. Certes, ma patrie est critiquable ; il y a des choses à
changer, et il m’appartient de la faire évoluer. Certes, elle n’est
pas parfaite, et quand elle chute, c’est bien moi qui chute avec elle.
Mais je veux construire mon pays. Cela, personne ne peut me l’ôter. Ma
patrie n’est peut-être pas
la plus belle ; les Français ne sont pas les meilleurs ; mais j’ai
le droit d’y croire et de le revendiquer comme une fierté.
Ceux qui tout
comme moi, reconnaissent dans la France une partie d’eux-mêmes méritent
d’être Français. Mais les autres peuvent sortir.
Car que
restera-t-il de ce débat ? Le président se sera valorisé ; les
franc-maçon auront insister sur les lumières et la laïcité ; les
philosophes auront parlé dans le vent ; les étrangers ou métissés auront
exprimés une France « divers ». Et jamais aucun Français n’aura
pu s’exprimer. Mais l’essentiel est que le peuple français ait l’impression
qu’on pense à ses problèmes, qu’on l’écoute, et qu’on
répercute ses revendications.L'important est que les électeurs du Front National soient de nouveau séduit par l'UMP.
Mais pour limiter la casse, n'hésitez pas à transmettre vos réflexions à l'institut Montaigne (ou à d'autres médias) sur son blog ou sur son groupe Facebook.
Didyme
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