Les policiers ont réélu récemment les syndicalistes censés les représenter auprès des pouvoirs publics. Elles ont vu le syndicat Alliance Police Nationale triompher dans un contexte de remise en cause de la garde à vue par les magistrats. Les policiers, qui souffrent d'un taux de suicide de 35 morts pour 100 000 personnes (soit deux fois plus que la moyenne nationale), expriment un certain dégoût de leur profession.
Le blogue Police en parle :
Je ne crois plus aux belles paroles. Preuve en est, un de mes gars qui
vit séparé de sa femme et de sa fille depuis deux ans, alors qu'elle
est fonctionnaire d'état et attend son mari dans
une caravane parce que nos salaires ne nous permettent pas de vivre
mieux. Les syndicats s’occupent de son dossier parce que je pensais -
naïf que je suis - que c’est l’administration qui nous
mute, mais non... On lui promet la mutation s’il prend sa carte,
appelez ça comme vous voulez, moi j’appelle ça du chantage.
J’en profite, mes chers syndicats, pour vous remercier de votre
engagement à tâtons dans les conseils de discipline, parce que chez nous
la deuxième chance n'existe pas, on vous laisse sur
le bas côté, sans solutions de reclassement, certains finissent
vigiles en supermarché, avec le ricanement des gens que vous avez
arrêtés.
Dans un autre article :
Pourquoi croyez-vous que
notre institution est devenue la nouvelle grande muette ? Pourquoi
croyez-vous que notre corps civil se tait
docilement devant les absurdités de nos hauts fonctionnaires du
MININT (en novlangue), devant les discours convenus de nos représentants
syndicaux nationaux et devant toutes les conneries qu'elle
entend chaque jour à son sujet ou sur la situation sécuritaire de la
France ?
Alors on nous rabâche le devoir de réserve en y mettant ce que
l'on veut pourvu que ça fasse taire la base... Trop de bon sens, trop de
vérités pourraient être explosifs !
Et ce devoir, on nous l'impose à coups de menace, de mutations
dans les placards pour les plus courageux, de coalitions entre délégués
syndicaux de haut rang et hiérarchie pour tuer dans
l'oeuf toute vérité bonne à dire... Voilà pourquoi peut-être ce
collègue crie son désappointement de manière anonyme !
On nous rabâche aussi notre devoir, celui d'être garant des
libertés fondamentales et de la République. On nous fait bouffer à
l'indigestion un code de déontologie. Et pour quoi ? Pour
faire de nous des sous-citoyens de cette République ?!
Le flic est présumé coupable sans que jamais nos syndicats se
mouillent la chemise pour réclamer le droit à la présomption d'innocence
comme on l'accorde à la première crevure venue.
Le flic n'a pas le droit à la liberté d'expression et de pensée
sans cacher son nom sous peine de sanctions déguisées, menaces, parfois
syndicales !
Si les collègues sont aujourd'hui furieux contre vous,
syndicalistes, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas eu leur mutation
malgré votre racket annuel... Pardon, le timbre syndical.
Aujourd'hui s'ils sont furieux, c'est parce qu'ils attendent des
syndicats qu'ils soient un contre-pouvoir de notre administration.
Qu'ils défendent les plus méritants pour que soit
reconnu à juste valeur leur travail.
Or, les syndicaux dans la police (et la FPE et FPT en général) ne
sont plus un contre-pouvoir depuis très longtemps. Ils sont devenus un
des pouvoirs dans le système. Si on veut muter
qu'importe vos qualités tant que vous êtes syndiqués. Payer l'impôt
révolutionnaire est le seul sésame dans la boîte. Du coup, comme les
syndicats sont devenus incontournables, qu'ils font leur
fortune sur "la vente des indulgences" comme l'Église en son temps,
ils se divisent pour récolter les miettes données grassement par
l'Administration.
Et puis les syndicats ont vite compris qu'ils feraient bien plus
de business en protégeant les cas sociaux de la boîte plutôt que les
plus méritants et ceux qui risquent vraiment leur vie,
leur intégrité physique et de plus en plus leur job en bossant
vraiment.
Comme m'a dit un jour un des chefs qui m'a formé : "si tu veux
muter rapidement, faut être une sous-merde que tout le monde veut voir
partir... En plus, les syndicats adorent cette manne
financière."
Tout a été dit par ce chef connu pour son bon sens terrien.
Les syndicats, à l'instar de notre administration, ont tout
intérêt à continuer cette infantilisation, ce clientélisme pour ne pas
dire cette crapulerie institutionnelle.
Un flic qui se tait est docile. Si les flics avaient le droit
d'expression sans être menacés dans leur carrière, ils feraient tomber
des gouvernements entiers.
Ce que l'on sait est explosif. Nos constats effrayants. Et notre
connaissance de l'étendue du mensonge étatique trop dangereuse pour
beaucoup trop d'intérêts... Les syndicats les
premiers.
Et si Bénédicte a beaucoup de mesure, moi j'en ai beaucoup moins. Je
n'ai connu qu'un seul délégué qui n'était pas une tanche au taffe.
C'était un délégué d'un syndicat ultra minoritaire à
des années lumières de mes opinions politiques. La seule fois où
j'ai eu besoin des syndicats, tous se sont dégonflé comme des merdes,
sauf lui. Je lui ai dit que jamais je n'adhérerai à son
syndicat au vu de nos divergences politiques. Malgré tout il est
monté au créneau avec moi. Son intérêt ? Aucun !
Il a fini par me dire qu'il n'aurait jamais pu être dans un
syndicat majoritaire parce qu'à partir du moment où on a quelque chose à
vendre, on n'est plus un contre-pouvoir libre. Là
encore, le bon sens d'un flic qui devrait pouvoir l'ouvrir sans
subir la censure institutionnelle.
Didyme
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