Dennis Hopper, le célèbre acteur et réalisateur culte des années 1970 et 1980, est décèdé à l'âge de 74 ans d'un cancer de la prostate qui lui avait été diagnostiqué il y a quelques mois. Ainsi disparait une figure marquante du cinéma américain.
Né en mai 1936, Dennis Hopper se découvre tôt un intérêt pour le théâtre. Parti très jeune tenter sa chance à Los Angeles, il obtient son premier rôle dans le western Johnny guitar" de Nicholas Ray. Il va alors accumuler les seconds et troisièmes rôles, notamment dans "La fureur de vivre" d'Elia Kazan aux côtés de son ami James Dean, mais surtout dans des westerns comme "Géants" de Georges Stevens et "Réglement de comptes à OK Corral" de John Sturges, où il fréquente les stars Kirk Douglas et Rock Hudson. Déjà, il se constitue une solide réputation d'individualiste forcené et de caractériel, allant jusqu'à se disputer avec le réalisateur Henry Hattaway sur le tournage de "From hell to Texas" dont il est renvoyé, renvoi qui le met au ban de Hollywood pour quelques années. C'est à ce moment qu'il se consacre à ses deux autres passions, la peinture et la photographie. Dans les années 1960, il s'affirme comme un second rôle récurrent, notamment dans "Luke la main froide" de Stuart Rosenberg ou "Pendez-les haut et court" de Ted Post. Il apparait également dans des séries télévisées renommées comme "Bonanza" ou "La quatrième dimension". Ce sera finalement l'année 1969 qui lui apportera la renommée mondiale avec le film "Easy rider" qu'il réalise et interprète aux côtés de Peter Fonda et Jack Nicholson, road-movie initiatique et véritable ôde au mouvement hippi. Le film est un succés commercial, impressionne les critiques et reçoit le prix de la meilleure oeuvre au festival de Cannes 1969. Devenu une star, Hopper réalise son deuxième film au titre curieusement évocateur (et qui faillit être prémonitoire) "The last movie". Mais ce dernier est un échec cinglant. Déjà dépendant de la drogue et de l'alcool, l'acteur va sombrer davantage dans cet enfer artificiel et va voir sa carrière péricliter. S'il tourne encore (notamment avec Orson Wells et Wim wenders), la décennie 1970 est bien une mauvaise passe pour lui. Mais il saura finalement rebondir, notamment grâce à son rôle de photographe fou pour lequel il révèle un grand charisme dans "Apocalypse now" de Francis Ford Coppola, aux côté de Martin Sheen et Marlon Brando. L'année suivante, son nouveau film en tant que réalisateur, "Out of the blue" est un succès. Relancé dans le métier et désormais débarrassé de ses addictions à la drogue, Dennis Hopper arrive à sa maturité et fait désormais figure de monstre sacré. Durant les années 1980, il impressionne encore la critique en tueur psychopathe dans "Blue velvet" de David Lynch et réalise "Colors" avec Sean Penn et Robert Duvall. On le voit aussi dans des séries B comme "Massacre à la tronçonneuse 2" de Tobe Hopper produit par la Cannon, film dans lequel il s'avère enclin à l'autodérision. Il passe sans trop d'encombre le cap des années 1990 où on le verra notamment dans "True romance" de Tony Scott, "Speed" de Jan de Bont et "Waterworld" de Kevin Reynolds, films dans lesquels il inaugure la longue série de méchants interchangeables qu'il interprètera par la suite. Mais après "En direct d'Ed TV" de Ron Howard en 1999, sa carrière s'enlise à nouveau, essentiellement composée de série B et Z ou de téléfilms. On le voit même jouer aux côté de Steven Seagal ou de Christophe Lambert! Il réapparait cependant dans des grosses productions comme "Land of the dead" de Georges A Romero ou "An american carol" de David Zuckers, charge jouissive contre Michael Moore où il rencontre le gotha des acteurs hollywoodiens républicains (James Woods, John Voight, Kelsey Grammer). Il est également présent à la télévision, notamment dans la première saison de "24 heures chrono" ou "DOS : Division des Opérations Spéciales". Son dernier film au cinéma sera "Swing vote" de Joshua Michael Stern, avec Kevin Costner.
Politiquement, en dépit du propos gauchisant de "Easy rider", Dennis Hopper était un républicain convaincu qui soutint successivement Ronald Reagan, George H W Bush et George W Bush lors de ses deux élections. Toutefois, déçu par l'administration Bush à cause de la guerre en Irak, il soutient Barack Obama en 2008.
Un homme de paradoxe donc, aussi bien chien fou que monstre sacré et véritable touche à tout (il fut également un peintre et un photographe renommé) et qui restera dans les mémoires comme l'un des grands acteurs américains du siècle dernier. Chapeau bas l'artiste!
Raspail
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