Entretien exclusif avec Jérôme Bourbon, directeur de l'hebdomadaire Rivarol.
e-deo : Rivarol affirme cette semaine que des "centaines d'adhésions" sont "bloquées". M. Jalkh dément et menace de porter plainte pour diffamation. Comment jugez-vous cette réaction ? Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ?
Jérôme Bourbon : Nous avons publié dans le courrier des lecteurs de notre numéro du 24 septembre le fac-similé d’une réponse du secrétaire général du Front national à une personne, M. Jean-Luc Léopoldi, ayant payé sa cotisation pour réadhérer au Front national et dans laquelle il lui était dit qu’il était « indésirable au sein de notre parti politique ». Mais sans dire à aucun moment pourquoi ce monsieur était indésirable. Le procédé est pour le moins curieux, arbitraire et… expéditif !
D’autre part, un assez grand nombre de lecteurs nous ont contactés pour nous dire qu’ils n’avaient toujours pas reçu leur carte alors qu’ils ont envoyé leur cotisation depuis de longues semaines. C’est tout ce que je puis dire. Peut-être que l’afflux d’adhésions explique ces retards, ces blocages momentanés et qu’il n’y a pas de mauvaise volonté. Acceptons-en l’augure puisque le secrétaire général l’affirme solennellement. Mais j’invite chacun à rester vigilant et à signaler toute anomalie en envoyant, le cas échéant, un courriel à la rubrique « contact » du site www.gollnisch.com ou en téléphonant au 06-42-45-60-69.
e-deo : Avez-vous reçu des menaces depuis que vous avez pris parti pour Bruno Gollnisch ?
Jérôme Bourbon : Des menaces, c’est trop dire. Mais des mises et en garde et des insultes, oui, quelques-unes. Mais c’est la loi du genre. Les esprits sont assez excités en ce moment. Ce n’est pas bien grave…
e-deo : Comment se porte la diffusion de Rivarol ? On voit dans votre courrier des lecteurs ainsi que dans certains commentaires d'un blog mariniste que des personnes disent se désabonner...
Jérôme Bourbon : Pour l’heure, le journal se porte bien, merci. Depuis que nous avons pris au printemps clairement position pour Bruno Gollnisch, nous avons enregistré tout au plus quatre ou cinq désabonnements. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Mais pour nous il s’agit d’une question de principe.
Henry Coston aimait à répéter : « On crée un journal pour défendre des idées, on trahit les idées pour défendre le journal. » Je ne souhaite pas que l’on puisse un jour nous opposer cette maxime. Les positions de Marine Le Pen en faveur du maintien de la loi Veil et du Pacs, son refus de s’engager en faveur de l’abrogation des lois liberticides (Pleven, Gayssot, Lellouche, Perben) et de la dissolution de la Halde, son intégration en 2004 du groupe Europe-Israël au Parlement européen, ses odes répétées à la laïcité et aux « valeurs de la République », la promotion comme secrétaire de circonscription FN des Yvelines d’une certaine Vénussia Myrtil (qui figure en toutes lettres sur le comité de soutien de Marine Le Pen !), militante issue du NPA de Besancenot et notoirement favorable à la légalisation des drogues, à l’avortement, au mariage gay et au droit d’adoption pour les invertis, comme le montrent assez les groupes qu’elle a rejoints sur Facebook nous paraissent totalement incompatibles avec le nationalisme français et plus encore bien sûr avec la morale et la religion chrétiennes.
Si nos lecteurs nous suivent, tant mieux. Mais s’ils ne le faisaient pas, je vous le dis franchement, je préférerais couler avec le navire plutôt que cautionner une crapulerie et participer à une imposture. Je me refuse à avoir un esprit boutiquier. Comme disait en substance Péguy : un journal qui ne mécontente pas à chaque fois au moins 20 % de ses lecteurs ne mérite pas d’être lu. Et puis lorsque je prononcerai mon Nunc Dimittis, je devrai rendre des comptes au Bon Dieu et je ne peux pas en conscience rester neutre entre une gourgandine sans foi ni loi, sans doctrine, sans idéal, sans colonne vertébrale, pur produit des media, qui a multiplié les purges depuis des années et dont l’entourage n’est composé que d’arrivistes sans scrupules, (...) et d’invertis notoires et un homme droit, humble, rassembleur, érudit, à la vie exemplaire, d’une exquise courtoisie, très apprécié dans toutes les composantes de la droite nationale et radicale, tant en France qu’à l’étranger, et aux convictions très solides.
e-deo : Comment jugez-vous les campagnes des deux candidats pour le moment ?
Jérôme Bourbon : Marine Le Pen s’appuie sur les media dont elle est la coqueluche. Ce qui est normal : ils se reconnaissent en elles puisqu'elle a, somme toute, le même mode de vie et de pensée que les actuels décideurs. Au fond Marine Le Pen se sentira toujours plus proche d’une Vénussia Myrtil, féministe favorable à toutes les déviances (drogue, homosexualité) que d’une famille chrétienne qui essaie de bien élever ses enfants et va à la messe le dimanche, que du militant nationaliste ou identitaire attaché à son peuple, à sa terre, à son sang, qui lit Bardèche et Maurras et qui n’a aucune sympathie pour la modernité décadente.
Marine Le Pen représente par excellence l’ère du vide. Les media se l’arrachent parce qu’elle est deux fois divorcée, pour l’avortement et le Pacs, ce qui est pour eux un gage de modernité. De plus elle ne dérape pas sur les questions historiques interdites. Elle a parfaitement fait siennes les deux religions officielles de la Ve République, l’avortement et la Shoah.
Bruno Gollnisch, lui, mène une campagne active à la base, auprès des militants et des adhérents puisque la télévision le boude (un peu moins qu’avant certes mais quand même…). Il est sur une ligne de rassemblement des nationaux et de maintien des « fondamentaux » du nationalisme (défense et accueil de la vie, inversion des flux migratoires, défense intransigeante de nos identités, refus des réformes sociétales antinaturelles et immorales). Enfin il souhaite recréer une grande formation politique avec des cadres et des militants formés doctrinalement, aguerris, dynamisés et rassemblés. Car ce n’est pas d’une quelconque élection que viendra le salut de la France, même s’il peut être utile de jouer la carte électorale pour diffuser ses idées auprès de nos compatriotes, c’est lors d’une grave crise de régime (crise économique et financière, guérilla ethnique, guerre civile, etc.) que les nationalistes pourront, peut-être, Dieu aidant, jouer un rôle.
Thibaud
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