Exclusif ! e-deo.info a interrogé Axel de Boer, Président de Solidarité France (un petit parti ouvertement pro-Vie qui s'inspire ouvertement de la doctrine sociale de l'Eglise) et tête de liste en Ile-de-France pour les élections européennes.
Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la défense de la vie et de la famille ?
Mon engagement pour la Vie est le fruit d’une histoire d’amour ! En 1997 j’ai aimé une femme qui avait vécu un avortement et j’ai porté cette blessure avec elle. C’était ma première rencontre avec le syndrome post-abortif, avant je ne savais pas ce que le mot avortement recouvrait exactement. Autant dire que la place de la femme est centrale pour moi. Il est plus facile pour un homme de parler de ces choses parce que le vécu est moins intime, c’est ce que me disait récemment une animatrice d’émission radio, plutôt progressiste et appartenant à la génération 68, qui ajoutait « avec l’avortement, on s’est faite avoir ».
Solidarité n'est pas seulement "pro-Vie", tout votre programme semble s'inspirer clairement de la DSE, pouvez-vous nous le confirmer ?
Défendre et aimer la Vie est un projet de société, car aujourd’hui la Vie est attaquée de toute part. Que ce soit les menaces environnementales, économiques, sociales mais aussi contre la famille et contre la personne, nous faisons face à une véritable offensive générale de la culture de mort face à laquelle nous devons réagir. Face à la culture de mort, nous devons opposer une culture de Vie, en recentrant l’action politique sur l’essentiel : la dignité de la personne humaine, qui commence par le droit à la vie sans condition préalable. La primauté donnée de la personne humaine est un prisme qui dessine un projet de société et même de civilisation.
La doctrine sociale de l’Eglise « experte en humanité » met à notre disposition le fruit de 2000 ans d’expérience sous la forme d’un texte non dogmatique offert à tous les hommes de bonne volonté. Fort de ce travail d’une richesse considérable nous pouvons bâtir un programme politique novateur qui soit en accord avec la loi naturelle et les défis du monde contemporain. C’est la raison d’être de notre parti politique : rendre présentes dans le débat public ces valeurs auxquelles nous croyons.
Vous présentez finalement deux listes, une en Ile-de-France, une autre dans le Sud-Est. Quels sont vos objectifs ?
Nous suivons une stratégie à trois étages, dont chacun est une raison suffisante d’avancer. Nous voulons en premier lieu donner un témoignage public, aller vers les gens. Lors d’un tractage, une jeune fille m’a dit avec candeur: "je ne savais pas que l’on pouvait être contre l’avortement". Cette parole montre l’échec de stratégie de communication basée sur le seul média internet, qui finalement ne touche que nos amis. Ce qui est vrai pour l’avortement l’est bien plus pour tous les autres aspects de la culture de vie. Combien de personnes ont conscience qu’il s’agit des clefs pour bâtir un avenir plus humain et plus juste ? Malgré nos faibles moyens, peut-être 1 million de personne verront une affiche (et même deux) qui parle de la culture de Vie. Lorsque nous le pourront financièrement, ils seront des millions à recevoir une circulaire qui parle de la culture de Vie et de la DSE : aucun média accessible ne touche autant de monde !
Nous voulons ensuite montrer l’unité de tous les combats sectoriels qui défendent la Vie, dans tous les domaines, et les unifier en une seule force. Notre troisième étage est ambitieux : nous voulons forger pour le XXIème siècle une démocratie chrétienne qui réponde aux défis de notre temps. Il y a un siècle, un petit groupe de personnes ont pensés et formés la démocratie chrétienne qui a ensuite dominé l’Europe pour 50 ans avant de tomber sur ses contradictions. Avec les nouveaux défis, et les nouveaux textes de l’Eglise, il apparaît clairement que le temps est mûr pour une nouvelle aventure politique. Nous avons pu constater que ce projet intéresse aussi bien l’Eglise que les fidèles.
Alors, en terme de résultat électoral, je ne sais pas ce que nous pouvons espérer parce que nous n’avons pas les moyens de « faire le plein » de notre électorat naturel qui est assez important et surtout très large. Cela, parce que les médias en particulier chrétiens sont réticents envers toute forme d’engagement à caractère prophétique, même modéré. C’est une vieille maladie de toute institution, il faut rassurer avant tout. De toute façon, cette participation électorale va nous permettre d’avancer.
Est-ce la première fois qu'une liste ouvertement pro-Vie se présente à des élections en France ?
C’est en tout cas la première fois qu’un parti ouvertement pro-Vie se construit en France, jusqu’ici certains partis ont inclus à leur programme d’une manière sincère certains thèmes en lien avec la culture de Vie ou la DSE, mais cela n’a jamais constitué le cœur de leur projet de société. Il y a eu ici et là des candidatures « pro-Vie », mais leur caractère ponctuel empêchait tout travail de longue haleine et toute « capitalisation » du travail accompli. Nous nous situons dans une perspective de construction sur le moyen et long terme.
J'ai pu constater que votre slogan "Le 7 juin, pour la fête des mères, votez pour la vie" et votre affiche ne laissent pas les passants indifférents...
Notre affiche veut résolument donner la parole à la Vie, sous la forme d’un dessin d’enfant. La plupart des listes tombent dans l’habitude politique de montrer les candidats, au prix d’une personnalisation des campagnes au détriment du contenu. Nous voulons une culture de Vie et nous ne poursuivons pas d’ambition personnelle, notre affiche le montre. Plutôt que de prendre les images de bébé ou des images plus sanglantes encore que certains utilisent parfois avec excès et qui blessent, nous avons voulu illustrer la vie dans sa beauté et sa fragilité. La famille est la valeur préférée des français, rappeler que la fête des mères est l’occasion d’un vote responsable pour la Vie nous a semblé une évidence.
Quels arguments donneriez-vous pour qu'on vote Solidarité ?
Outre les raisons que nous avons évoqués, que nous sommes le seul parti qui fait de la Vie et de la DSE le cœur de son programme et sa raison d’être, et que vos voix serviront à donner plus de poids à la construction de notre mouvement et à assurer notre présence dans les élections à venir, une raison politique immédiate fait de nos listes un vote vraiment utile. Je m'explique : l’UMP a pris la décision de donner la priorité à l’alliance « progressiste » contre les valeurs chrétiennes. Cela est clairement marqué par la mise à l’écart du FRS. Cela, parce que notre président pense que le vote chrétien lui est acquis de toute façon : il ne voit pas pourquoi il ferait des concessions aux chrétiens ! Le seul moyen de lui montrer qu’il pourrait perdre cet électorat est que nous fassions un score raisonnable. S'il apparaît dans cette élection que les catholiques commencent à refuser de voter UMP à cause des attaques récentes (adoption homosexuelle et travail du dimanche) et futures, alors ils calmeront leur discours. Il n’y a pas d’autre moyen.
Vous proposez des mesures plus originales comme le bulletin de vote unique à cocher... Que pensez-vous du système des "eurocirconscriptions" ou "eurorégions" qui handicape les petites listes ?
Nous proposons surtout des mesures concrètes comme le vote parental, une allocation jeune-enfant européenne dès la déclaration de grossesse, mais aussi la reconnaissance politique du monde associatif et bien entendu l’inscription dans les textes européen du droit à la vie de la conception à la mort naturelle et la mention de nos évidentes racines chrétiennes.
Nous pensons en effet qu’il serait plus démocratique et écologiquement responsable (300 ou 400 millions de bulletins imprimés pour moins de 20 millions de vote exprimés) de faire un seul bulletin où il serait possible de cocher la liste pour laquelle on vote. C’est ce que font les Pays-Bas par exemple. On garde la trace physique du vote en cas de contestation, tout en réduisant le gaspillage de papier et donnant à chaque liste la chance d’être présente dans tous les bureaux. .
Les eurocirconscriptions ont été formées pour « permettre à la voix de la France de s’exprimer d’une façon plus homogène », c’est-à-dire pour refléter la volonté du gouvernement ou de son opposition officielle. La démocratie n’est pas le sujet de cette élection. En pratique, les deux partis qui vont ensemble à peine atteindre 40% des votes auront la très grosse majorité des sièges. C’est ce qu’ils veulent. Il faut établir des règles communes à toute l’Europe et choisir la forme la plus démocratique, si on veut que ce parlement soit réellement représentatif.
Mais nous sommes confiant que nous parviendrons à construire cette voix chrétienne pour le XXIème siècle, malgré les obstacles, parce que c’est une urgente nécessité.
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