Le Mouvement pour la France, par la voix de son leader Philippe de Villiers et de ses militants, a toujours alerté l’opinion et les autorités publiques sur les dangers de l’euro.
Au vu de l’actualité, nous pourrions clamer haut et fort « Nous vous avions prévenu ! » mais en dépit de la colère que nous éprouvons à l’égard des élites gouvernantes et de leur irresponsabilité, nous ressentons surtout une immense tristesse pour notre pays et tous les Français victimes d’une crise aggravée par les effets néfastes de l’euro.
L’obstination des instances européennes à vouloir soutenir le dogme de la monnaie unique est consternante ! Certains politiques comme Jacques Delors n’hésite pas à déclarer, encore aujourd’hui, que « L’euro a permis à l’Europe de connaître 10 ans de croissance acceptable ». De qui se moque-t-on ?! Toutes les données chiffrées montrent que depuis 10 ans, la croissance et l’emploi ont été plombés dans la zone euro !
Et pourtant, dès l’origine, l’idée même de créer une monnaie unique au sein d’un rassemblement de pays aux dynamiques économiques, sociales, fiscales et démographiques différentes était une aberration. L’euro est un corset à taille unique pour seize économies divergentes. La grave crise économique que nous traversons démontre douloureusement que l’euro fort, censé garantir des politiques vertueuses, n’a fait qu’encourager un cycle infernal : toujours plus de dépenses (essentiellement sociales) et toujours moins de recettes (notamment liées aux exportations) !
La politique monétaire unique prive les états membres de l’UE des instruments essentiels de leur souveraineté économique. Elle ne permet plus d’avoir une politique monétaire et budgétaire nationale indépendante et une devise flexible.
La surévaluation de l’euro vis-à-vis du dollar et du yuan est catastrophique pour nos entreprises : l’euro cher pénalise nos exportations et subventionne les importations sur tous les échanges hors zone euro (46 % de notre commerce extérieur). Ainsi, les entreprises qui facturent en dollar ou en yuan sont largement avantagées. L’exemple d’Airbus face à Boeing en est l’illustration. Le président de EADS, Louis Gallois, a déclaré « Chaque hausse de 10 centimes d’euro face au dollar coûte un milliard ! ».
Il est facile de comprendre que l’euro cher contribue largement à la désindustrialisation de la France et accélère sa mutation vers une économie de services. Moins nos entreprises sont productives, plus le travail et les salaires sont sous pression. La productivité des entreprises et la croissance étant plombées, nos entreprises délocalisent dans les pays à bas coûts, ou n’embauchent plus et ne peuvent augmenter les salaires.
Il apparaît clairement qu’une monnaie unique surévaluée et la fin des protections douanières qui expose les produits français à un dumping monétaire, social et environnemental insoutenable, conduisent inéluctablement à une déflation salariale et une paupérisation des travailleurs français.
Les consommateurs ont également été les premières victimes de l’euro fort. En effet, depuis la mise en place de l’euro, les prix des biens de grande consommation ont augmenté de 29 %. La hausse moyenne du caddie en trois ans est de 11.5 % !
Soyons clairs, la politique de la BCE a été essentiellement conçue pour répondre aux besoins de l’Allemagne. L’Allemagne ne pouvait approuver la politique monétaire unique qu’à la condition que l’euro soit plus fort que le mark. C’est ce qui lui a d’ailleurs permis de financer les coûts liés à sa réunification. Pendant ce temps, la France aggravait ses déficits commerciaux.
Mais si nous y regardons de plus près, il y a pire que cela. Ainsi la crise de 2008 a montré au monde entier ce que les élites et les rois de la finance cherchaient à nous dissimuler : prenant l’euro fort pour une protection, la plupart des Etats ont emprunté sans compter pour financer des déficits de plus en plus abyssaux. A l’abri des traités, sous couvert de rigueur budgétaire imposée par le pacte de stabilité, les banques ont largement prêté aux Etats endettés de l’UE, tout comme elles finançaient les subprimes aux Etats-Unis. Ce système ne pouvait qu’exploser !
Il est évident que l’urgence pour les pays européens en difficulté et donc aussi pour la France est de réduire la dette et d’orienter à nouveau la dépense vers l’investissement productif. Mais cela ne pourra pas être fait sans dévaluation afin de renouer avec la compétitivité et donc la croissance. La seule façon d’y parvenir est d’abandonner la monnaie unique au profit d’une monnaie commune. Ainsi, le rétablissement des monnaies nationales reposerait sur la richesse réelle (et non plus virtuelle) des Etats et la monnaie commune pourrait être utilisée pour financer des projets européens ambitieux.
Notre pays a besoin de réformes. Certes ! Mais tant que notre monnaie sera dictée par les besoins allemands et notre économie soumise à une concurrence déloyale avec des pays où les coûts sont 20 à 30 fois inférieurs aux nôtres, l’efficacité des réformes en sera sérieusement altérée.
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