Il a posé sur son petit bureau ses petites armes de petit flic de la
pensée. Il a tiré, dans Le Monde du 29 septembre. Mollement.
"Réactionnaire", dit-il ; et puis, "il parle comme Le Pen" ; et puis
encore "il a peur, Zemmour". La routine. Dominique Sopo n'est pas très
inventif. Pauvre Sopo, présidence de SOS-Racisme, ça eût payé. Jadis
entre Coluche et Simone Signoret ; désormais médiocre collecteur de
subventions, et gendarme sifflant les "dérapages sur l'immigration".
Gendarme de Saint-Tropez.
Même pas peur ! Les temps
changent. Il s'en plaint. Comme un vulgaire réactionnaire. Mais un
réactionnaire préfère les chansons d'Aznavour et Brel à celles de Joey
Starr ou Cali. Les rentrées littéraires avec Aragon, Mauriac, ou Jacques
Laurent, plutôt qu'avec Christine Angot ou Amélie Nothomb. Déteste
l'architecture de l'après-guerre. Donnerait trente années de FIAC pour
un seul tableau de Vermeer. Ne croit pas que "le niveau monte à
l'école". N'associe pas spontanément le "langage caillera" à Rimbaud. Ne
s'extasie pas devant les familles recomposées. A la nostalgie du temps
où la France était "la grande nation". Bref, un réactionnaire est un
homme sans goût ni raison qui mérite les camps de rééducation. Un
criminel.
On peut le rassurer, Sopo en est loin. Sa pensée est
simple, voire tautologique : ce sera mieux demain. Pourquoi ? Parce que
ce sera demain. Sopo est un progressiste. On allait dire à l'ancienne.
Mais on ne voudrait pas le vexer. Sopo ne s'est pas aperçu que la
religion du progrès était morte dans les tranchées de 1914. Il n'a qu'un
siècle de retard. Sopo ne sait pas qu'on a lu Pierre-André Taguieff ;
on a bien compris que le progressisme antiraciste n'était que le
successeur du communisme, avec les mêmes méthodes totalitaires mises au
point par le Komintern dans les années 1930. "Tout anticommuniste est un
chien", disait Sartre. Tout adversaire de l'antiracisme est pire qu'un
chien. En tout cas, dit Sopo, ne devrait pas être invité à la télé. La
télé, c'est important pour Sopo. C'est vrai, on ne l'y voit pas assez.
Amis producteurs, faites quelque chose !
Pendant vingt ans,
l'antiracisme, Sopo le reconnaît lui-même, a régné en maître sur nos
esprits. Alors, faisons son bilan. Le multiculturalisme qui remplace
l'assimilation ; l'ethnicisation des questions sociales plutôt que la
lutte des classes ; la déconstruction du roman national remplacé par la
concurrence victimaire ; la haine institutionnalisée de la France autour
de la figure totémique de Dupont Lajoie.
IDIOTS UTILES DU
CAPITALISME
L'antiracisme fut le rideau de fumée qui occulta la
soumission socialiste aux forces libérales. Les antiracistes ont avec la
finance internationale un point commun essentiel : le refus des
frontières. Avec les progressistes de tout poil, ils ont détruit les
derniers obstacles à la toute-puissance du marché : famille
traditionnelle, nation, Etat. Les premiers servent les intérêts de la
seconde. Idiots utiles du capitalisme.
Osons donc ce que Sopo
interdit ; réintroduisons le réel dans le débat récent autour de
l'immigration. Selon le ministère des affaires étrangères, 30 % à 80 %
des actes d'état civil sont frauduleux en Afrique. Les mariages entre
Français et étrangers représentent désormais près de 30 % des mariages
transcrits dans notre état civil ; la moitié de ces 90 700 mariages ont
été célébrés à l'étranger en 2005 ; la progression en dix ans des
mariages de Français au Maghreb et en Turquie a explosé de 731 %. En
1994, ils étaient 1 129 ressortissants algériens à épouser un Français.
En 2005, ils sont 12 457. Onze fois plus. L'amour, bien sûr Sopo !
En
vérité, c'est l'échec de l'intégration qui nourrit l'immigration
d'aujourd'hui. Dans les cours de récréation de nos écoles, les enfants
se regroupent par clans ethniques qui s'ignorent ou se détestent : "Les
rebeus, les reunois, les feujs, les noichs ou les caifrans". Et
l'insulte suprême est : "Sale Français !" Les enfants juifs sont
interdits d'école publique dans nombre de banlieues et sont contraints
de se replier sur les écoles confessionnelles. Les bandes ethniques
s'affrontent à la gare du Nord. Lors de la présidentielle, on a vu à
l'oeuvre un terrifiant vote ethnique, comme l'a justement noté Jérôme
Jaffré (Le Monde du 8 juin) : 94 % des électeurs qui se disent musulmans
ont voté Ségolène Royal ; 77 % de ceux qui se disent catholiques
pratiquants ont voté Nicolas Sarkozy.
Mais tout cela n'existe
pas. Vous avez rêvé, braves gens. Tout va très bien, Madame la Marquise.
C'est Dominique Sopo qui vous le chante. En lisant Sopo, j'ai compris
que je n'étais qu'un prétexte. Sopo en veut au peuple français d'avoir
voté pour des "députés extrémistes" (il parle d'élus UMP, pas de
chemises brunes). Et aussi sans doute, un président extrémiste. Il
reproche surtout aux "compagnons de route antiracistes" de rester
silencieux. C'est triste de se retrouver seul. Mais peut-être les
compagnons de route sont-ils sidérés par cette réalité que je décrivais à
gros traits. Naïveté stupide de réactionnaire borné.
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