Robert, un fidèle lecteur d'e-deo féru de littérature, nous propose des fiches de lecture sur des livres qui lui tiennent à cœur. Chaque semaine, nous mettrons en ligne l'une d'entre elles.
Aujourd'hui, l'homme pressé (1941) de Paul Morand (collection "Imaginaire" de Gallimard) :
Paul Morand signe ici un
merveilleux petit roman, l'occasion de décrire avec ironie et humour, le
monde moderne tel qu'il se développe, autour d'un seul mot : la
rapidité. L'auteur en profite aussi pour dresser un tableau amusant de
la vie de famille en province : un monde clos et égoiste, où les mères
couvent leurs filles et sont d'horribles belles-mères.
Pierre Nioxe, paradoxalement marchand d'art, spécialisé
dans la Haute-Epoque, n'a pas un instant à perdre. Il bouscule tout sur
son passage : les choses, les êtres, la vie. Jamais il ne posera trop
longtemps son regard, sur quoique ce soit. En Provence, il achète une
vieille demeure, mais ne s'y attardera pas, et daignera à peine faire un
tour de jardin.
Son domestique, Chantepie, s'il
n'était pas sourd, ne tiendrait pas. Placide, son seul ami et associé,
au nom évocateur, tentera désespérément de le suivre. Il finira
néanmoins par se mettre à son compte. Seule, Edwige de Boisrosé, semble
parvenir à tenir la cadence. Pourtant, indolente et tranquille, élevée
au rythme des Antilles, dans un foyer de Saint-Germain-en-Laye, tout les
oppose.
Cependant, Pierre ne voulant jamais
attendre, finit par effrayer Edwige : il désirait hâter le terme de sa
grossesse ! Edwige retourna alors bien vite sur le lit de Mamicha,
entourée de ses deux soeurs.
Pierre ne se
sera jamais arrêté, n'aura jamais goûter et senti les délices qui nous
entourent : le fumet d'un plat, le soleil du sud, le chant des oiseaux
sur le boulevard. Il ne voulait pas perdre une seule seconde, pour en
faire des minutes. Et des minutes, en faire des heures.Il ne s'apercevra que trop tard que cette vélocité
maladive n'aura qu'une conséquence : ayant tout fait pour vivre plus
vite que les autres, il mourra bien jeune, plus vite que tout le monde.
André pour Robert
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