Il existe en France un « vide juridique et symbolique pour l'infanticide », fait observer « Gènéthique », la synthèse de presse de la fondation Lejeune.
Lors du colloque « Penser l'infanticide aujourd'hui », organisé par la
revue Enfances et Psy, les intervenants ont tenté une réflexion sur
l'infanticide détachée des derniers débats médiatiques sur le déni de
grossesse.
Pour le psychiatre, psychanalyste et expert près la
Cour d'appel de Paris Michel Dubec, l'infanticide, qui a toujours eu
une charge symbolique très forte, est « probablement aussi ancien que
l'enfantement. Pour autant, commis par des mères, il fait toujours
autant scandale ».
Le Dr Dubec note par ailleurs que
« jusqu'en 1994, il y avait convergence entre la loi et la portée
symbolique du crime ». La réforme du code pénal en 1994 a en effet
supprimé l'infanticide et le parricide qui ne dépendent plus que des
articles généraux sur le meurtre et l'assassinat. Cette mesure a
provoqué un vide juridique et symbolique puisque « le code pénal
n'assure plus son rôle de médiation et d'apaisement ». Il estime même
que l'emploi du terme de « néonaticide » à la place de celui
« d'infanticide » constitue une régression.
Michel Dubec a
également envisagé le cas du déni de grossesse, tant invoqué dans les
procès pour infanticide. Il estime que toutes les femmes infanticides
présentent un trait commun : chez elles, l'annonce de la grossesse est
bloquée, pour différentes raisons. La grossesse devient alors
clandestine, y compris parfois pour la mère elle-même : « les signes
intérieurs de la grossesse sont refoulés et si la chose est perçue, sa
signification est enterrée. La femme enceinte ressent, mais n'a pas la
perception du corps de l'autre. Du refoulement, on passe ainsi au déni
qui ne prémédite pas l'infanticide ».
Il convient pourtant de
nuancer sérieusement ce terme de « déni de grossesse » dont les médias
font tant usage. Pour Annick Le Nestour, pédopsychiatre et
psychanalyste et Anne Tursz, pédiatre : « l'approche épidémiologique et
clinique des néonaticides montre que le déni global n'est jamais
rencontré et qu'il s'agit d'une pathologie extrêmement rare ». Les
études montrent que toutes les femmes qui commettent cette catégorie de
crime sont en situation de solitude, de détresse, de peur de l'abandon
et ont un rapport au temps passé/présent/futur totalement disloqué.
Aucune n'est pourtant en état de déni complet.
Ce colloque a
eu lieu alors que deux nouvelles affaires sont relayées par la presse :
le cas d'une jeune femme de 35 ans, écrouée à Nancy après la découverte
du cadavre du jumeau d'un enfant que l'on avait retrouvé congelé en
2007; celui d'une autre femme de 24 ans qui plaide le déni de grossesse
devant les assises du Bas-Rhin.
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